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Les Guerriers

A l’aube la terre est gelée, avant que le soleil ne la réchauffe. Le sabot la foule, sèche, elle résonne dans les lointains, quelque part la guerre fait rage. Les échos des cors lacèrent les territoires. Les étendards s’affolent, les hommes regardent le ciel. On se battra jusqu’à la mort, jusqu’à ce que l’ennemi tombe ou que Dieu nous emporte. L’homme est là, à l’affût. La nuit le feu crépite et veille son repos.

Les Guerriers vont aujourd’hui solitaires. L’armure est invisible, la monture silencieuse. L’armée s’est dispersée sur tous les fronts. Certains se reconnaissent lorsqu’ils se croisent, et pour un bref instant le velours des capes ondule au vent. Le Guerrier a appris que la vie est un combat, que l’on se doit de croiser le fer avec courage, que le bonheur n’est jamais qu’une victoire, et le repos mérité qu’elle autorise. Les champs gardent la mémoire des hommes tombés, par dessous les fleurs, cela, l’homme de guerre le sait, il le croit, et la gravité de cette pensée raidit parfois sa nuque. Aussi se tient-il toujours en alerte, prêt à sortir l’épée de son fourreau, pour défendre ce qu’il croit juste : lui-même, l’honneur des siens, une certaine idée du monde ou une cause à laquelle il voue sa vie avec la passion d’un Aveugle. Un mot, un sourire dédaigneux, un air méprisant pourront suffire à déclencher sa hargne, à faire lever sa fièvre. Une pensée par trop contraire à la sienne, qu’il ne renoncera jamais à démonter, en quelque lieu, à quelque heure, fut-ce l’occasion inopportune, car le Guerrier goûte peu l’humour, la légèreté l’épuise, son corps a besoin de chaleur, la colère est son purgatif. Cette colère n’est pas vaine, elle ne le consume pas : elle est le nécessaire ingrédient de son dessein, sans elle le monde ne fait pas sens. Ses courroux successifs, rentrés ou explosifs, le fortifient autant qu’ils le construisent. A chaque bataille, perdue ou gagnée, il trouve l’énergie d’un pas nouveau, d’une étape, d’une rupture qui attendait son heure. Il se métamorphose, son être à l’acmé de lui-même, tous les sens en éveil, prêt à parer au moindre coup, exalté de hisser sa vie en ce sommet étrange d’où elle entrevoit sa propre mort, purifié de respirer cet air où enfin chaque chose est à sa place, rangées à toute vitesse, en ordre de bataille, par l’effet de la peur. Au moment de choisir, au faîte des surenchères, le Guerrier se devine, et parfois se découvre. Glaive à la main, les yeux rougis, il comprend s’il aime, s’il doit partir, il se souvient de ses quêtes, il se retrouve après la dispersion des inerties. Rarement le Guerrier regrettera-t-il le sang versé, et la souffrance par lui infligée. Car aussi bien la croit-il juste, inévitable, cette douleur de l’autre qu’il fallait faire plier. S’il a mal, s’il a honte, ce n’est là que le reflet de l’erreur qui l’habitait, la preuve de cette morgue devenue intolérable qu’il fallait faire sortir comme le pus d’un abcès, et absoudre genoux à terre.

La plupart des hommes se soumettent. Abasourdis par la force et la rapidité des coups. Les mots encerclent, mènent en impasse, impossible de fuir. Il faut faire face à l’armure, écouter les sentences, affronter les phrases qui déchirent la chair des tendresses et celles des innocences, tenter de parer les coups. Mais les réparties pertinentes seront rares. Le Guerrier a préparé son attaque, accumulé les arguties au fil des affronts silencieusement soufferts, et attendu l’heure de l’irrémédiable avec la patience des miséricordieux. Le temps venu, le plan des manœuvres est crayonné de toute part. La fougue et la foi donne à l’homme l’inspiration des génies, et l’art de sculpter des vérités dans les cendres. Les motifs et les causes sont assenés avec précision, si nécessaire avec la pédagogie des maîtres, et la démonstration rétorque en catapulte à toute contre-offensive. Les pierres invectives détruisent les défenses en plein vol, et vont au creux de l’adversaire former les fondations d’un siège. La raison devient floue, les ripostes se tarissent, le doute s’insinue. La reddition est proche, l’arrogant regagne sa position, le Guerrier tient sa victoire : celle d’un monde clair, parce qu’ordonné à sa mesure comme une partition, chacun tenant dans l’orchestre l’instrument adéquat et accordé, le rang assigné, et qu’ainsi l’ensemble demeure cohérent, intelligible, presque beau.

Que la clarté qu’il invoque soit l’obscurité pour d’autres, fussent-ils des être aimés, que la paix qu’il instaure leur soit insoutenable, que cette harmonie leur soit abjecte, le Guerrier ne peut y croire, quand bien même le voudrait-il, par pitié ou par amour. Il ne le peut car sa vie tient au fil de cette légitimité qui soutient son bras lorsqu’il frappe, qui assoit sa sentence lorsqu’il décapite. L’homme de guerre y puise sa force, celle de convaincre et de mordre, celle de figer le Miroir. Son reflet y est peint tel une fresque brillante, une tapisserie brodée d’orgueil. D’orgueil, en réalité, il n’est point, la potion est de survie, la fierté est dans le fer, sous l’armure l’homme n’a jamais pansé ses plaies. Le Guerrier est ce qu’il accomplit, une somme d’actions qui emplissent le Miroir pour mieux le cacher, l’homme est hors de lui. Qu’il vienne à perdre sa superbe, que l’armure se disloque pièce à pièce, et le Guerrier deviendra Fou, ne pouvant se survivre, sauf à se mettre hors la loi, à devenir son propre traitre, son adversaire imbattable, Roi dictateur, criminel fratricide et opportuniste, doutant de Dieu dans les flammes. Il se dessèchera dans la solitude, trouvera des suiveurs s’il veux mener vengeance, envers et contre tous, mais si la peine l’emporte et calme son effroi, si la stupeur porte ses pas dans les bois où l’on renaît au creux de vieilles racines, et s’il survit au silence, au temps et au cri des strix, le Guerrier tombera les armes muettes et lourdes pour forger des sorts et frapper sans cogner. Il se fera Sorcier. S’il reste en errance sur ce chemin de damné, il portera sa peine en pénitence, et la peur ne le quittera plus, lui piquant le visage de son bec à chaque pas. L’angoisse nouera sa gorge comme s’il avalait la mort, et la crainte de celle-ci. Toutes les frayeurs moquées prendront leur revanche en vociférant dans sa tête une symphonie débile. Point ne le reconnaîtront ceux qui l’auront aimé pour ses audaces, ou de ses yeux l’âpre sévérité auront croisé dans les choix d’inclémence. Le Guerrier terrorisé redeviendra homme, un mortel à l’âme incertaine, et le temps suspendu rattrapera son dû pesant sur son échine. Mais cette peur immense pourra aussi, parfois, le ressaisir, le faire tressaillir et le relever. Certains Guerriers prennent ainsi les drogues récurrentes des terreurs qu’ils s’infligent, générant les forces du rebond.

Pour ceux qui ne quitteront pas l’épopée, que l’étrange désir de vaincre n’abandonnera pas et que le sang ne corrompra point, la vie sera une ligne ponctuée d’éclats, alternant conquêtes et hivernages, au gré de l’époque et du lieu où l’homme établira son camp. Le fantassin cherchera à marche forcée à contrôler les alentours, à régir ses semblables pour s’en distinguer, pour monter sur leurs épaules et respirer la solitude des chefs. De solitude en solitude, le Guerrier pourra faire fortune et toucher le plafond du chemin des pouvoirs. Il ne détestera pas l’argent, et dès que possible se montrera généreux, Roi heureux quoique travaillé d’une lancinante nostalgie. Certains se contenteront d’asseoir leur autorité sur leurs proches, subalternes aimants et inquiets, flatteurs doués, Sourds indifférents. Assuré de sa stature et de ses mérites, le souverain se prendra à rêver d’autres croisades, à redevenir Guerrier, pour à nouveau sentir trembler sa lèvre sous le défi, et tout entier son corps se lever vers la prise. L’écho des cavalcades résonne, mais le chevalier quitte rarement son château et sa terre, laissant en leur écrin doux ses rêves d’ailleurs une fois la nuit passée. Car ces chimères lui viennent en temps de paix, lorsque le ciel est clair. Le jour, le Guerrier se distrait en société, s’il n’est pas trop sauvage, et s’y exerce à l’éloquence avec le plaisir très sérieux des tournois. L’imprévu des spectacles de Cour le divertit, tant que le degré de désordre lui semble inoffensif, et que la vague des rires ne le pousse pas dans la fosse des spectateurs, ne sachant plus s’il est visible et vu comme il se doit. Si dans le brouhaha surgit la figure du chaos, l’homme cessera de trouver le tout amusant, et cinglera qui peut à la première occasion, saisissant de stupeur les assemblées légères.

La paix n’est guère profitable à l’homme de guerre. Elle lui est même un poison redoutable lorsqu’elle se mêle à l’ennui : une langueur poisseuse s’accumule qui l’étouffe, et sa nature contrariée traque tout prétexte pour pouvoir s’épanouir. Le Guerrier chicane, provoque, mesquin ou sadique, serrant le cou de pauvres hères sur le front des servitudes laborieuses, écrasant du poing les petites joies qu’on lui tend après les avoir bues, dégoûté de lui-même et des printemps trop simples. Lorsqu’après les défoulements lui vient à la bouche, détonation seconde et silencieuse, le goût acide des remords, l’homme s’offre pour un instant d’observer son reflet, et de voir la boue sale des déviances où son ombre patauge. Tout aussi bien peut-il rejeter le drap glissé tout le long du Miroir, et d’un geste ample, chasser la vision contrariante comme le souvenir disloqué d’un mauvais rêve. Lui fera-t-on reproche ? L’apaisement que l’homme éprouve après les heurts, fussent-ils absurdes, lui fait accroire qu’il y résonne comme l’assentiment d’une morale universelle. Le Guerrier n’est coupable que d’être lui, cela, les Veilleurs le savent, qui ne condamnent personne. Et les guerres sont nombreuses, qui ont besoin de furie pour soulever les jougs. L’homme de guerre répond à l’homme de guerre, tour à tour tyran ou héros résistant, selon ce qu’en dira le cœur. Il faut l’instinct et le courage des fauves pour écarter les barreaux des geôles, il faut la rage de ceux qui ne savent plus qu’agir. La pensée la plus courageuse ne forcera aucune serrure, ne soulagera aucune torture, elle fleurira des tombes. Le Guerrier ne craint pas de mourir, encore moins de souffrir. Souffrir fait partie du jeu qui est le sien, la preuve qu’il est en vie, la condition du pardon lorsqu’il le cherche. Ce que redoute l’homme de guerre, son ennemi véritable, est l’erreur simple, l’erreur radicale. Il peut perdre sans se perdre, mais se tromper est impossible. Il niera encore les ongles retournés et la peau lacérée devant l’infamie des impostures, et il sera sincère. Seul le Miroir pourrait effondrer sa conviction, lui ouvrir les yeux, mais tout aussi bien le rendre fou, la conscience chuchotant des horreurs, dissipant le charme ultime, l’honneur. L’homme rapetisse, l’armure cache un enfant.

Cet enfant que les ancêtres peuplent. Des chants ont bercé son sommeil, murmurant qu’il lui faudrait être fort, que des autres se méfier toujours il devrait, et dormir sur une lame. L’enfant a appris la vigilance. Le Guerrier a grandi avec cet œil silencieux, œil de lynx en lui, et il a pu devenir autre, un Veilleur pacifique, un Aveugle affectueux, un Marcheur nonchalant. Puis s’est découvert homme entraîné au hasard d’une urgence, d’un état de survie, d’une indignation trop forte. Ou bien l’enfant était-il déjà un petit soldat, sans autre choix que de très tôt se défendre, acceptant le sortilège de cette succession avec l’amour que l’on porte toujours aux bras qui nous ont portés, au sein qui nous a offert sa chaleur, et aux entrailles d’où l’on vient, fussent-elles déjà ennemies ou rivales, en application de leur propre loi. L’enfant ne pourra fuir son héritage. Aussi loin qu’il ira nicher son bonheur, l’homme portera en lui une sourde gravité, celle de ceux qui sont morts plusieurs fois. L’enfant n’a pas encore vécu mais déjà il sait, la mélodie des tragédies, les matins de brouillards, humides et gris mais si beaux, et dans ces yeux qui n’ont rien vu une étrange densité capable de soutenir plus gros cailloux que lui, et le poids de ses os. L’envie informée et encore indicible du combat à venir, l’œil de lynx qui commence à briller dans une nuit ailleurs, qui l’invite, l’appelle. Le chant de ralliement des Guerriers, qui d’eux seuls peut être entendu, le Don du sang.

Aussi loin qu’il ira, la mélancolie de ces chants envahira le paysage de l’homme, lui rappelant que le silence n’est pas le calme, mais l’attente, et parfois la pire des alarmes. L’appelant à se lever, à se relever, encore, à déchirer encore le voile pour étrangler la vie, en sentir l’odeur, fendre la grenade sous le soleil. L’homme ne pourra se fuir. Mais il pourra apprendre à se taire. A distiller le temps, à mêler ses courroux aux flots des heures pour les y noyer, n’en laisser qu’un petit animal dont la couleur du pelage est déjà souvenir, chétif, il trottine un temps à côté de soi, et s’en retourne à sa nature sauvage. S’il parvient à enfourcher ainsi les heures, à regarder en lui battre ce pouls chéri jusqu’à ce qu’il meurt, et à chaque fois ce combat mener à patience, l’épuiser sans un geste, l’homme, sculpté de roc, cessera d’être son propre joug. Le Miroir se découvrira, pivotant sur lui-même pour épargner toute image à l’homme libre. Plus dur et plus doux que jamais, plume et plomb, ce Guerrier est Rapace. Il ne fondra à terre que pour survivre ou se défendre, sa prise sera précise, rapide, sans cruauté, et le nid froid des hauteurs l’accueillera au retour. Dans le ciel, point de trace de sang, l’horizon vaste et offert annihile tout désir de conquête, les chants demeurent. Ce Guerrier verra de son refuge la lampe du Veilleur et sa silhouette dans le phare. Des discussions que les deux hommes dispersent aux vents, l’on sait de rumeurs tombées à terre que le Rapace est de tous les hommes le seul qui sait de sa voix lente apaiser les tourmentes du Veilleur et lui inspirer l’idée, éphémère et illusoire, qu’il n’est pas seul au monde.

De la solitude, le Guerrier pourrait aussi parler, mais il ne s’attarderait pas, indifférent. Seul il est né, seul il demeure, aucune souffrance dans cet état naturel, ce cloître natal, rien que l’expérience d’une solidarité fatale qu’il a pu connaître avec des frères d’armes, cette fraternité à la vie à la mort qui se noue lors de chevauchées sans retour. Le Guerrier ne connaît pas la solitude car il ne connaît qu’elle. Les autres sont des ennemis potentiels, toujours, simples importuns ou vrais adversaires, et le premier contact donne systématiquement lieu à une évaluation en règle. Par instinct, le Guerrier sais cerner les hommes qu’il croise, avec une justesse qui n’a rien à envier au Veilleur, mais ce qu’il voit n’est jamais mis en mots, la nécessité d’une telle traduction ne s’imposant guère. L’homme de Guerre renifle l’odeur de l’alter ego, il cherche le visage du prédateur. Les portraits sont dessinés à traits gros et rapides, l’esquisse qui se forme est une projection utilitaire, sommaire, de ce que l’intuition fait craindre ; la figure qui paraît en a le génie d’exactitude et la pauvreté d’expression. La reconnaissance est immédiate, le reflet clair et franc, s’il rencontre un labadens. Plus délicate se révèle l’affrontement avec les Sourds, sumos inamovibles, dont il faudra chercher la porte des colères, et, si tant est qu’elle s’ouvre, craindre un coup unique mais ultime, plus fort que celui d’un Géant. Rares sont les Guerriers qui cherchent à réveiller les Sourds, qui jamais querelle ne leur cherchent, bien trop indifférents qu’ils sont à l’ordre du monde et à son rétablissement. Entre tous, les Aveugles irritent l’homme de guerre comme une chatouille de plume sous l’armure. Leur légère, belle insouciance, leur beauté fragile et cette capacité à rire aux éclats de tous soleils sont les témoins trop cruels d’une douceur dont le Guerrier sera à jamais privé, d’un chemin qu’il sait exister sans jamais pouvoir l’emprunter. Les mots dits chercheront à faire mal, à frapper comme entre enfants jaloux et à briser l’espérance insoutenable. L’Aveugle épinglé par l’homme de guerre au détour d’une rencontre malheureuse apprendra le temps d’un camouflet à respirer l’air des vérités du dessous, ce que l’on aperçoit de lui lorsque l’on a le nez dans la poussière et la pénombre, ces vérités qui ne savent pas voler. Elles ne sont pas plus vraies que les vérités de surface, mais le Guerrier rend justice à tous les non-bénis, à tous les tristes, à tous les graves. L’Aveugle reste immobile sous le choc, raide d’une émotion qui le gonfle, il sera dangereux en défense, ou de dos, dans l’immédiat après-coup de l’échange, rendu habile par la transe malgré son bras maigre.

Le Guerrier ne s’attendrira pas, ni jamais pour aucun homme capable de dire son nom. Les Fous susciteront sa méfiance et son dégoût, il ne distinguera pas les Morts des arbres des bords de route. Seuls les Innocents auront sa protection, et elle sera indéfectible, le spectacle de leur traits confiants surpris dans la souffrance lui semblant par dessus tout intolérable. Les larmes des petits minois seront vengées dans les saccages, et la lâcheté des bourreaux payée au triple. A moins que l’homme ne se trouve un Maître, suffisamment doué pour le subjuguer et amadouer son Œil : un Sorcier nécessiteux, un Guerrier plus aguerri, capables de harangue. Il quittera alors le pays où les maximes faisaient frontières. Loin de lui-même et de ses souvenirs, il oubliera les fardeaux de ses gloires, troll buté et puissant, et perdra de vue l’horizon. Les Guerriers qui se laissent ainsi prendre par les Sorts sont des rêveurs, dont la colère s’est enkystée d’espoir. Ils ont cessé de croire aux Secrets, la terre ne murmure plus, la mer s’est refermée et avec elle la chance des rédemptions. Ces hommes ont perdu les symboles, ils se sont épris d’une humanité vivante, rompant leur pacte de naissance, leur vœu d’intransigeance. Qui voudrait être défendu par un cœur tendre ? Qui n’aurait peur, face aux haches et aux lances ?

Les Guerriers solitaires élisent leurs armes. Certains n’ont point besoin d’attirail : des poings suffisent, ces hommes boxent pour survivre, le monde est un ring, la vie un corps à corps, ils avancent au tempo des KO. D’autres campent sur leurs positions, répugnent aux giclées salissantes, leur force est la Patience. Ils travaillent l’encerclement, posent des pièges de persuasion, leur victoire est dans la dépendance et la soumission.

Rares, certains Guerriers préfèrent la vie à la mort, mais toujours l’honneur à la vie. Ils dansent les duels, laissent à leur cavalier le temps de montrer qui ils sont, et ne recourent à l’estocade que si la lame les brûle. Les Silencieux, eux, ne parlent pas. Ils n’ont plus de mots, ils ont roulé sur le Miroir et un éclat de verre leur a tranché la gorge. Ils écoutent le bruit des chars, les chants de la mitraille, ils font œuvre de désolation et de pourriture pour que la terre se nourrisse. Seuls les pas des cadavres rythment leur marche et les apaisent.

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