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En vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous prions de bien vouloir vous avancer vers la barre. Greffier, veuillez prendre note. Vous, Edouard D., né le 06 Juin 1968, actuellement domicilié à Charleville-Mézières dans le département des Ardennes, ingénieur à la recherche d’un emploi depuis trois mois et précédemment employé comme informaticien pour l’entreprise « Boniface », divorcé depuis le 10 mars 1990 de Melle Nadine D, née L., et père d’une petite Céline, âgée de neuf ans, vous comparaissez aujourd’hui devant nous pour le meurtre de Gérard N, né le 13 décembre 1927, ancien officier servant dans la marine militaire, et retraité depuis six ans à la pension « Les lilas » de Charleville-Mézières. La mort de M. N. est survenue, selon les conclusions du légiste, dans la nuit du jeudi au vendredi 05 avril de cette année, l’heure de la mort pouvant être estimée selon toute vraisemblance aux alentours de deux heures du matin. M. N a été attaché sur son lit à l’aide du fil électrique de sa lampe de chevet, et étouffé avec son oreiller. Il porte en outre des traces de brûlure sur le torse et sa langue a selon toute vraisemblance été sectionnée. La porte de la chambre de M. N. a été retrouvée fermée et aucune trace d’effraction n’a pu être décelée, ni aucune empreinte identifiée. Les infirmiers de nuit et les soignants de la pension disent n’avoir rien entendu. M. N. gardait dans le placard de sa chambre la somme de 2000 euros, selon sa fille, ici présente, Béatrice N. Cette somme avait disparu le matin où le corps de M. N. a été découvert sans vie. Vous, Edouard D., avez avoué la totalité des faits qui vous sont reprochés lors de l’interrogatoire en date du 09 mai de cette année, et dont le procès verbal est ci-joint au dossier. Vous expliquez avoir appris l’existence de cette somme par hasard, sans toutefois pouvoir donner une raison claire de votre présence dans cette pension où vous n’avez aucune famille. Sur ce point vous n’avez pas voulu répondre aux questions du juge d’instruction. Le 10 juin, vous avez été transféré au centre de détention de Charleville- Mézières, transfert au cours duquel vous avez pris la fuite, profitant d’un moment d’inattention du portier de la prison et d’un de vos gardiens. Vous avez couru, couru, couru, et l’on vous a rattrapé. Vous avez expliqué au juge que vous désiriez revenir sur vos aveux. Sans toutefois expliquer précisément les raisons de ce revirement. Vous dites avoir été soumis à des pressions policières en raison d’un différent intervenu entre un policier et vous il y a quelques mois. Vous aviez en effet refusé de servir de témoin à la perquisition du domicile de votre voisin. Vous avez pour cela justifié d’un risque de représailles, sans toutefois pouvoir justifier d’un élément pertinent tendant à démontrer la réalité de ce motif. Ce que vous a fait remarqué le commissaire chargé de la perquisition. S’en est suivie une altercation avec un policier adjoint, une bagarre et une interpellation. Cependant, il est difficile d’établir un lien causal clair et décisif entre cette altercation et certaines conditions qui vous auraient poussé à passer des aveux mensongers. A cet égard, en l’absence d’éléments de preuve suffisants sur ce point, la charge de la preuve vous incombe quant à l’existence de conditions particulières ou anormales de garde à vue qui nous permettraient de revenir sur votre déposition, et par tant, votre culpabilité. En conséquence, nous, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous déclarons donc compétents pour juger de votre culpabilité et rejetons la requête préliminaire de la défense. Vous, Edouard D., né le 06 Juin 1968, actuellement domicilié à Charleville-Mézières dans le département des Ardennes, ingénieur à la recherche d’un emploi depuis trois mois et précédemment employé comme informaticien pour l’entreprise « Boniface », encourrez pour le meurtre de M. N., né le 13 décembre 1927, ancien officier servant dans la marine militaire, et retraité depuis six ans à la pension « Les lilas » de Charleville-Mézières, la peine de réclusion à perpétuité assortie d’une période de sûreté de trente ans. Mais attendu que vous vous être remis à courir, courir, courir, et que vous êtes ici jugé en votre absence, en raison de ce second délit de fuite, survenu le 14 juillet dernier, et toujours actuellement recherché, cette circonstance aggravante nous autorise à requérir la peine maximale, capitale, par injection létale. L’exécution de la sentence est provisoirement fixée, dans l’attente de votre arrestation, au 5 septembre prochain, et se déroulera au service pénitentiaire de Charleville-Mézières. La famille de la victime ayant cependant fait valoir son droit à assister à votre mort, un changement de date est probable (la famille ayant d’autres obligations par ailleurs). Pour dire droit, nous, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, 15 août 2006. Greffier. 

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